URL

https://doi.org/10.1101/2020.09.22.20199174

Type d’article

Preprint

Thème

Stratégies de contrôle

Que retenir de cet article, en 1-2 phrases ?

En contexte de ressources limitées, une vaccination ciblant prioritairement les travailleurs âgés essentiels, puis les personnes âgées en général, réduit au maximum la mortalité. Cela permettrait d’éviter aux USA de 7000 à 37000 décès selon l’efficacité du vaccin et l’usage simultané d’interventions non pharmaceutiques, par rapport à une vaccination non ciblée.

Objectifs de l’étude / Questions abordées

Des vaccins seront bientôt disponibles contre la COVID-19, mais l’approvisionnement sera tout d’abord limité, nécessitant de prioriser leur utilisation vers les populations cibles pertinentes. Concevoir une stratégie de priorisation des vaccins dans différents groupes socio-démographiques est un défi crucial de politique de santé publique pour tenir compte de ressources contraintes, de différences marquées de transmission du virus et de gravité de la maladie entre groupes socio-démographiques, et de la différence entre la COVID-19 et les pandémies précédentes comme la grippe. L’objectif de cette étude est d’évaluer la répartition optimale d’une offre limitée de vaccins aux États-Unis entre des groupes différenciés selon l’âge et le statut de travailleur essentiel, ce dernier étant défini comme ne pouvant pas limiter ses contacts (pas de distanciation physique possible).

Méthode

Modèle similaire à Abrams et al. 2020 (preprint) : stochastique à compartiments avec 9 états de santé (S : sensibles, P : vaccinés & protégés, F : vaccinés mais non protégés, E : exposés, Ip : pré-symptomatiques, Ia : asymptomatiques, Is : symptomatiques, R : guéris, D : morts), 6 classes d’âge (0-4,5-19,20-39,40-59,60-74,75+), et 2 groupes pour les 20-39 & 40-59 ans selon qu’il s’agit de travailleurs essentiels ou non. De plus, 4 localisations sont considérées dans la structure des contacts (foyer, lieu de travail, école, autre). L’intensité des contacts est pondérée selon l’état de santé des individus, la fraction de temps passé par localisation, leur classe d’âge et catégorie de travail, et les règles de distanciation appliquées dans la population générale. Ce modèle est paramétré pour saisir la compréhension actuelle des caractéristiques épidémiologiques de COVID-19, y compris les principales sources d’hétérogénéité des groupes (sensibilité, gravité et taux de contact).

Données mobilisées : matrices de contact définies à partir des matrices de contact estimées pour les États-Unis dans Prem et al. 2017 ; les contacts sociaux des personnes symptomatiques ont été modifiés en tenant compte des changements de comportement observés lors de la pandémie de grippe A/H1N1 de 2009 (van Kerckhove et al. 2013) ; pour le reste, calibration avec les connaissances disponibles à ce jour. Tout est détaillé en annexe. Les conditions initiales miment la situation projetée au 01/12/2020 par l’Institute of Health Metrics and Evaluation.

L’étude modélise une stratégie d’allocation des vaccins dynamique qui répond aux changements de l’état épidémiologique de la population. La disponibilité en vaccin est supposée couvrir 60% de la population les 6 premiers mois. Les auteurs étudient le compromis entre trois alternatives : minimiser les infections symptomatiques, les années de vie perdues ou les décès.

Résultats principaux

Comme les contacts sont plus importants à l’intérieur des groupes d’âge, les gains marginaux diminuent à mesure que la couverture vaccinale augmente dans un groupe donné, ce qui accroît l’immunité protectrice du groupe contre l’infection et la mortalité. Une priorisation optimale vise les travailleurs essentiels âgés en premier, puis, selon l’objectif de la politique, les travailleurs essentiels plus jeunes deviennent prioritaires pour contrôler la propagation du virus tandis que les personnes âgées deviennent prioritaires pour contrôler la mortalité. La priorisation de la vaccination permet d’éviter de 7 000 à 37 000 décès avec un scénario de vaccination ciblée minimisant les morts, selon l’efficacité du vaccin et l’usage d’interventions non-pharmaceutiques (télétravail, fermeture d’école, limitation des contacts, port du masque, etc.), par rapport à une approche non ciblée.

Commentaire/brève évaluation

Étude intéressante, plutôt complète, modèle assez simple mais prenant néanmoins en compte les principales composantes du système.

Pas d’analyse de sensibilité du scénario de référence, mais une étude de plusieurs scénarios : les interventions non pharmaceutiques, l’effet du vaccin (ex : réduit la mortalité vs. la transmission) et son efficacité partielle.

Cette étude évalue uniquement le cas ou une proportion de 60% de la population peut être vaccinée. Que se passerait-t-il s’il y a une fraction plus réduite finalement vaccinable (moins de doses disponibles) ou si les personnes refusent la vaccination ? Quelles catégories faudrait-il inciter le plus à se faire vacciner ?