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Type d’article
Article peer-reviewed
Thème
Stratégies de contrôle
Que retenir de cet article, en 1-2 phrases ?
Cet article est une revue systématique des études sur l’efficacité de la fermeture des écoles ou d’autres mesures prises à l’école dans le contrôle de la transmission des coronavirus, en particulier du SARS-CoV 2. Les auteurs soulignent le manque de preuves concernant l’efficacité des fermetures seules et soutiennent que des mesures de distanciation moins déstabilisatrices que des fermetures devraient être envisagées.
Objectifs de l’étude / Questions abordées
L’objectif est de synthétiser les résultats des études concernant l’impact des fermetures d’écoles ou d’éventuelles autres mesures prises à l’école sur la transmission des coronavirus. Quelques résultats concernant la grippe sont également donnés.
Méthode
9 études publiées et 7 pré-publiées ont été incluses. Elles concernent principalement les épidémies de COVID-19 ou du SRAS de 2003, ainsi que certaines endémies relatives à d’autres coronavirus.
Résultats principaux
- Grippe saisonnière
Certaines études de modélisation sur la grippe suggèrent que l’efficacité des fermetures d’écoles dépendrait fortement du nombre de reproduction et serait en particulier plus faible pour un nombre de reproduction équivalent à celui du SARS-CoV-2. Cette dépendance serait en particulier un frein pour une transmission du virus plus élevée chez les adultes que chez les enfants, hypothèse probable dans l’épidémie actuelle du fait des formes légères ou asymptomatiques de la maladie observées chez les enfants.
- COVID-19
Deux articles pré-publiés ont rapporté l’efficacité collective de plusieurs mesures de distanciation sociale et de fermeture d’écoles en Chine continentale. Une prépublication a également montré que ces mesures avaient permis de faire décroître le nombre de reproduction en dessous de 1 à Hong Kong. Cependant, les données de ces précédents articles ne permettent pas de dissocierr l’impact des fermetures d’école de celui des autres types de mesures, compte tenu de la simultanéité de leurs mises en place.
Une étude de modélisation a analysé conjointement l’impact des fermetures d’école et d’autres mesures de distanciation à Wuhan, et a montré que l’ensemble de ces interventions permettait de réduire la taille finale et le pic de l’épidémie, précisant en outre que la date de relaxation des mesures a une influence importante sur la possibilité d’apparition d’une seconde vague. Une seule étude de modélisation, calibrée pour simuler la propagation au Royaume-Uni, a examiné l’impact des fermetures d’école indépendamment des autres mesures. La conclusion est que que celles-ci sont insuffisantes seules pour réduire l’expansion de l’épidémie, en prenant en compte l’hypothèse que ces fermetures augmenteraient les contacts intra-ménages et au sein de la communauté.
- Virus du SRAS et autres coronavirus
Deux études sur le SRAS a Pékin ont conclu que les fermetures d’écoles avaient eu un impact négligeable sur le contrôle de l’épidémie, du fait de la prise tardive de ces mesures et/ou de la faible prévalence du virus chez les enfants. Une étude a d’ailleurs rapporté qu’aucune transmission n’avait été enregistrée à l’école pendant l’épidémie de SRAS en Chine continentale. En complément, une étude menée à Singapour a rapporté que, bien que des élèves aient été diagnostiqués positifs pendant l’épidémie, les prises de températures quotidiennes à l’école de tous les élèves entre 6 et 16 ans n’avaient permis de révéler aucun cas de SRAS. A Hong Kong, un article rapporte que les écoles ont été fermées pendant l’épidémie de SRAS, mais qu’il n’y avait aucune preuve de transmission à l’école, cette dernière se produisant vraisemblablement plus au sein de la maison ou de l’immeuble. Enfin, une étude sur la transmission des coronavirus endémiques et d’autres virus à Seattle a montré que, à l’occasion d’une fermeture des écoles pendant 5 jours en prévention des températures extrêmes, une réduction du nombre d’infections avait été mesurée, de 5 à 6 % (95 % CI 4,1 – 6,9) pour les infections de coronavirus, de 6 à 7 % (5,2 – 9,7) pour les infections de H1N1 et de 1 à 3 % (2,5 – 3,2) pour les infections de H2N2.
Une étude de modélisation, se basant sur les caractéristiques connues du SRAS, a conclu qu’une fermeture des écoles pouvait réduire le nombre de reproduction effectif d’un facteur compris entre 12 et 41 %, en fonction du taux de contact inter-ménages se produisant à l’école. Une autre étude modélisatrice à Taïwan a au contraire conclu que le nombre d’infections secondaires produites par un cas n’était que de 1 à l’école élémentaire, contre 2 à 6 cas à l’hôpital.
Conclusion
Les auteurs précisent qu’aucune des études incluses n’a été réalisée spécifiquement pour étudier les effets des mesures de distanciation à l’école. Ils alertent également sur le manque de données permettant d’examiner finement l’impact de ces mesures, manque observé également dans les épidémies précédentes. Ils soulignent finalement le manque de preuves sur l’efficacité des fermetures d’école, qu’ils mettent en regard des possibles dommages sociaux et économiques de telles mesures, rappelant de plus l’importance pour les soignants de pouvoir faire garder leurs enfants. Les auteurs suggèrent alors que des mesures plus souples doivent être envisagées et qu’il y a un besoin urgent de conclure sur l’infectiosité des enfants ainsi que de développer des études de modélisationsupplémentaires.
Commentaire/brève évaluation
Cette revue systématique vise à mettre en valeur les conclusions des études sur les fermetures d’école, qu’elles proviennent de mesures directes ou d’une modélisation. Les spécificités des mesures prises dans la région sur laquelle l’étude porte sont précisées pour pouvoir replacer les conclusions dans leur contexte et l’accent est mis en particulier sur la possibilité ou non de conclure sur les fermetures d’école indépendamment des autres mesures.
Il est dommage que les études de modélisation ne soient pas plus détaillées. On ne sait pas toujours par exemple si les paramètres sont appris sur des données, et si oui sur lesquelles.
Les auteurs portent un regard critique sur les études qu’ils décrivent, alertent sur les limitations actuelles de la recherche et se positionnent explicitement sur la problématique abordée.