URL
https://arxiv.org/abs/2012.08957v2
Type d’article
Preprint
Thème
Infectiologie
Epidémiologie
Que retenir de cet article, en 1-2 phrases ?
Les auteurs proposent un modèle ad hoc de propagation de gouttelettes dans un environnement spatialisé afin d’établir le risque de transmission de la Covid-19 en extérieur et dans des situations impliquant uniquement des piétons ne portant pas de masque. Les différents scénarios sont classés du plus à risque (les cafés) au moins à risque (marcher dans une rue bondée).
Objectifs de l’étude / Questions abordées
Les auteurs souhaitent établir le risque de transmission de la Covid-19 dans des situations impliquant des piétons ne portant pas de masque, essentiellement en extérieur. Ils souhaitent, plus précisément, inférer à partir d’observations limitées le nombre de nouvelles infections générées par un individu (observations partielles de comportements piétonniers issues de captations vidéos). Pour cela, ils classent différents scénarios en fonction du risque estimé, et en fonction de différents modèles testés (3 modèles). Enfin, les auteurs s’intéressent à l’impact de changements de sens de circulation dans les rues ou d’organisation des files d’attente sur le risque de transmission de la Covid-19.
Méthode
Les modèles utilisés pour décrire la transmission de la Covid-19 sont développés de façon ad hoc, à partir de modèles de dynamique des fluides appliqués à la transmission de gouttelettes. De nombreux facteurs ne pouvant être mesurés (humidité, vent, etc.), les auteurs proposent de simplifier ces modèles en considérant que la transmission entre deux individus dépend uniquement de la distance les séparant et de leurs orientations respectives (par exemple, si deux personnes sont proches mais ne se font pas face, le risque est moindre). Les auteurs considèrent ensuite un domaine spatialisé (rectangle) dans lequel des individus (particules) se déplacent (e.g. marcher dans une rue) ou restent statiques (e.g. terrasses de cafés). Cet environnement spatialisé représente une partie de l’environnement seulement, la partie observée, les individus peuvent donc entrer et sortir du domaine. Afin de reproduire des dynamiques de déplacement réalistes, les auteurs ont procédé à des captations vidéos dans différents lieux, entre juillet et octobre 2020 (et une dernière mesure en janvier 2021 dans une rue). Les données sont disponibles à l’adresse https://doi.org/10.5281/zenodo.4527462[DOI] (base de données publique Zenodo). Le taux de transmission instantané (nombre de nouvelles infections par heure) est calculé par le modèle en utilisant les données de foules piétonnes.
Résultats principaux
Les classements des scénarios sont identiques avec les trois modèles : les terrasses de cafés présentent un risque plus élevé que les marchés de plein air bondés, qui présentent un risque plus élevé que les stations de métro ou de train. Arrivent ensuite les files d’attente, et la marche dans une rue bondée ou un bord de rivière. Si le risque d’infection en terrasse de cafés est environ 10 fois plus élevé que dans la rue ou dans une file d’attente, il faut noter que ces espaces (rue, file d’attente) présentent une plus grande hétérogénéité, en raison de comportements individuels pouvant beaucoup varier, et de la présence ou non de super-contaminateurs, menant à l’observation de cas extrêmes (forts taux d’infection). Les auteurs établissent ensuite que le facteur contribuant le plus à une transmission élevée du virus est la densité de population. Dans une moindre mesure, l’orientation des visages joue également un rôle important, mais essentiellement dans les situations où les individus bougent peu (terrasses de cafés). Enfin, les auteurs ont étudié l’influence des modifications de l’environnement urbain ou des sens de circulation (rues à double sens ou sens unique, organisation des files d’attente) et notent un très faible impact sur la transmission du virus.
Commentaire / brève évaluation, limites, ouvertures possibles
Les auteurs mentionnent plusieurs limites à leur travail, qui semblent pertinentes. La plus importante d’un point de vue « action publique » est le fait que tout le travail repose sur l’hypothèse qu’aucun individu ne porte de masque. Les mesures sanitaires des derniers mois ayant contribué à un port généralisé du masque dans les espaces publics, il serait intéressant d’étudier la transmission du virus en extérieur en tenant compte du port du masque. Sinon, le modèle considéré est très simple, et pourrait probablement être plus réaliste (et complexe) en prenant en compte le vent, l’humidité du milieu, etc. ;, les aérosols ne sont pas explicitement pris en compte, et plus de données pourraient être obtenues en considérant d’autres situations.