URL:
https://science.sciencemag.org/content/early/2020/05/15/science.abc2535

Type d’article :
Article peer-reviewed

Thème : Autre : Climat et Covid

Que retenir de cet article, en 1-2 phrases ? :
Le climat peut jouer un rôle dans la modulation de l’ampleur et des échelles de temps de l’épidémie de COVID19. Cependant, l’immunité de la population est un moteur beaucoup plus fondamental de la dynamique de contamination.

Objectifs de l’étude / Questions abordées :
Des résultats préliminaires suggèrent que le climat peut moduler la transmission du SARS-CoV-2. Pourtant, il reste difficile de savoir si les variations saisonnières et géographiques du climat peuvent modifier sensiblement la trajectoire de la pandémie. Dans cette étude, les auteurs utilisent un modèle d’épidémie dépendant du climat pour simuler la pandémie de SARS-CoV-2 sondant différents scénarios basés sur la biologie connue des autres coronavirus. Ils constatent que, même si les variations météorologiques peuvent être importantes pour les infections endémiques, pendant la phase pandémique d’un pathogène émergent, le climat n’entraîne que des changements modestes de la taille de la pandémie. Une analyse préliminaire des mesures de contrôle non pharmaceutiques indique qu’elles peuvent modérer l’interaction pandémie-climat. Les résultats suggèrent que, sans mesures de contrôle efficaces, les vagues épidémiques sont plus probables dans les climats plus humides et que le temps estival ne limitera pas considérablement la croissance pandémique.

Méthode :
Les auteurs adaptent un modèle Susceptible-Infected-Recovered-Susceptible (SIRS) aux données de cas de deux coronavirus circulant actuellement, HCoV-HKU1 et HCoV-OC43, où les paramètres ajustés incluent la dépendance climatique de la transmission et la durée de l’immunité après l’infection. Tous les autres paramètres sont fixés, sur la base des valeurs de Kissler et al. 2020. Motivés par la dépendance climatique de la grippe et du VRS, les auteurs postulent que la transmission dépend de l’humidité spécifique et utilisent la climatologie moyenne pondérée en fonction de la population de l’humidité spécifique sur la période 2014-2020 tirée du jeu de données climatiques.

Résultats principaux :
Pour les villes de l’hémisphère nord, les auteurs ne remarquent aucune différence substantielle dans la taille de la pandémie quand les variables climatiques sont considérées, malgré les climats très différents à New York, Londres et Delhi. Dans les scénarios de grippe et de HKU1, les régions tropicales connaissent une pandémie plus rapide mais de moindre intensité que l’hémisphère nord. Cependant, l’épidémie dans les villes tropicales reste importante. Pour résumer, selon les auteurs, le climat n’entraîne que des changements modestes de la taille de la pandémie

Commentaire/brève évaluation :
L’étude est bien organisée et les résultats sont présentés de façon factuelle en précisant les limites. Les auteurs explorent uniquement l’interaction du modèle épidémique (SIRS) avec la saisonnalité de la transmission; ils n’abordent pas la complexité de la démographie, du contrôle et d’autres facteurs environnementaux. Le modèle suppose que l’épidémie commence en même temps partout dans le monde et qu’aucune mesure de contrôle n’est en place, révélant uniquement l’effet du climat sur la taille et la durée de la pandémie.