FARANDA Davide (LSCE-IPSL, CNRS, CEA Paris-Saclay, UVSQ et Université Paris Saclay, ENS-LMD PSL Paris, London Mathematical Laboratory, ALBERTI Tommaso (INAF, Italie), ARUTKIN Maxence (ESPCI, Paris), LEMBO Valerio (ISAC-CNR), LUCARINI Valerio (Univerisity of Reading)

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03172578

Nous étudions, dans le cadre de la modélisation épidémiologique, l’interruption de la vaccination AstraZeneca en raison de certains effets secondaires suspectés. En effet, 30 cas suspects de thrombose veineuse profonde (DVT) sur plus de 5 millions de vaccinations se sont produits en Europe et ont incité plusieurs pays européens à arrêter l’injection d’AstraZeneca. En utilisant à la fois un modèle épidémiologique Susceptible-Exposed-Infected-Recovered (SEIR) et une analyse statistique des données accessibles au public, nous estimons les décès en excès résultant de l’absence d’inoculations vaccinales et ceux potentiellement liés aux effets secondaires de la DVT en France et en Italie. Nous constatons que, malgré les nombreuses simplifications et limitations de notre analyse, les décès excédentaires diffèrent d’au moins un ordre de grandeur dans les deux stratégies. En particulier, la suspension de la vaccination AstraZeneca pendant 7 jours sans la remplacer va entraîner environ 800 décès supplémentaires en Italie et 160 en France. La différence entre les deux pays est due aux données épidémiologiques réelles différentes et en particulier au nombre de reproduction de base R0 mesuré plus élevé actuellement en Italie qu?en France. Concernant les effets secondaires de la DVT, même en supposant que tous les cas de DVT suite à l’inoculation du vaccin AstraZeneca ne se seraient pas produits en l’absence du vaccin, nous les estimons à environ 300 cas pour la France (270 pour l’Italie) qui ne feraient qu’une dizaine de victimes sur l’ensemble de la campagne de vaccination (avec le taux de mortalité standard de DVT) si l’ensemble de la population est supposé vaccinée, cela correspond à environ un accident par mois.

Nos résultats devraient être complétés par des exercices de modélisation et de collecte de données plus détaillés. En effet nous considérons: i) un seul vaccin avec l’efficacité nominale d’AstraZeneca, en négligeant les autres vaccins disponibles, ii) un taux de vaccination fixe, iii) pour les effets secondaires d’AstraZeneca DVT les données françaises sont extrapolées pour les populations italiennes. De plus, nous avons concentré notre analyse sur les effets secondaires de la DVT, mais d’autres pathologies pourraient être envisagées avec la même approche. Cependant, nos résultats suggèrent clairement que les avantages de l’utilisation du vaccin l’emportent largement sur les risques potentiellement associés à la vaccination et que les avantages relatifs sont plus importants dans les situations où le nombre de reproductions de base R0 est plus grand et augmentent avec la durée de suspension du vaccin. »

Davide Faranda, Tommaso Alberti, Maxence Arutkin, Valerio Lembo, Valerio Lucarini. Interrupting vaccination policies can greatly spread SARS-CoV-2 and enhance mortality from COVID-19 disease: the AstraZeneca case for France and Italy. Chaos: An Interdisciplinary Journal of Nonlinear Science, American Institute of Physics, 2021, 31 (4), pp.041105 DOI:10.1063/5.0050887