CLUZEL Nicolas (Sorbonne Université), LAMBERT Amaury (Sorbonne Université et Collège de France), MADAY Yvon (Sorbonne Université), TURINICI Gabriel (Université Paris Dauphine), DANCHIN Antoine (Kodikos Labs/Stellate Therapeutics, Hong Kong University)
https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.07.31.230607v1
Dans la lutte contre la propagation de la COVID-19 l’accent est mis sur la vaccination, d’une part, et sur le redéploiement de traitements utilisés pour d’autres usages, d’autre part. Les liens qui existent nécessairement entre la multiplication du virus et le métabolisme de l’hôte sont systématiquement ignorés. Ici nous montrons que le métabolisme de toutes les cellules est coordonné par l’accessibilité d’un composant central du génome cellulaire, le triphosphate de cytidine (CTP). Ce métabolite est aussi la clé de la synthèse de l’enveloppe virale et de la traduction de son génome en protéines. Ce rôle unique explique pourquoi l’évolution a fait apparaître très tôt chez les animaux une activité enzymatique de l’immunité antivirale, la vipérine, destinée à synthétiser un analogue toxique du CTP. Les contraintes nées de cette dépendance orientent l’évolution du virus. Avec cette servitude à l’esprit, nous avons exploré l’expérience en vraie grandeur qui se déroule sous nos yeux au moyen d’approches de modélisation probabiliste de l’évolution moléculaire du virus. Nous avons ainsi suivi, presque au jour le jour, le devenir de la composition du génome viral pour la relier à la descendance produite au cours du temps, en particulier sous la forme d’efflorescences où apparaît un véritable feu d’artifice de mutations virales. Certaines d’entre elles augmentent certainement la propagation du virus. Cela nous conduit à proposer un rôle important dans cette évolution à certaines protéines du virus, comme celle de la nucléocapside N et plus généralement de commencer à comprendre comment le virus asservit à son bénéfice le métabolisme de l’hôte. L’un des moyens possibles pour le virus d’échapper au contrôle par le CTP serait d’infecter des cellules qui ne se multiplient pas, comme les neurones. Cela pourrait expliquer les sites de développement viral inattendus qu’on observe dans l’épidémie actuelle.